Remettre les clés d’un logement à son propriétaire ne suffit pas systématiquement à mettre fin au contrat de location. La loi et la jurisprudence encadrent cette étape, prévoyant des cas où le bail continue malgré la restitution des clés, notamment en l’absence d’état des lieux de sortie ou de certaines formalités.
Des locataires restent parfois redevables du loyer même après avoir quitté les lieux, tandis que des propriétaires doivent respecter des procédures précises pour éviter les litiges. La remise des clés s’accompagne ainsi d’obligations et de conséquences concrètes pour chaque partie.
Remise des clés : un passage obligé à la fin du bail
La remise des clés cristallise tout ce qui s’est joué entre locataire et propriétaire au terme d’un contrat de location. Ce geste, loin d’être anodin, marque bien plus qu’un départ : il fait démarrer des délais précis, notamment pour la restitution du dépôt de garantie, et officialise la libération des lieux. Le bailleur attend ce moment qui, tant qu’il n’a pas eu lieu, laisse le contrat actif et les obligations du locataire intactes. Rendre les clés au moment de l’état des lieux de sortie met les choses au clair sur la date exacte de départ. C’est ce passage qui arrête la facturation du loyer et des charges locatives. Un simple oubli, un retard, et soudain le calendrier juridique tourne contre le locataire, tenu de payer alors même qu’il n’occupe plus le logement.
Le bail avait commencé par la remise des clés, il se termine de la même façon. Mais tout ne se joue pas sur un simple dépôt dans une boîte aux lettres : la remise doit s’effectuer auprès du propriétaire ou de son représentant. À défaut, la date pourra être contestée, et le contrat s’éterniser.
Toutes les issues doivent être concernées : porte d’entrée, garage, cave, boîte aux lettres… Le moindre trousseau manquant peut entraîner une retenue sur le dépôt de garantie. Pour le locataire comme pour le bailleur, chaque clé compte et la rigueur sur ce point évite bien des tracas.
À quel moment la restitution des clés met-elle réellement fin au contrat de location ?
La question revient systématiquement chez ceux qui quittent un logement : à partir de quand peut-on considérer le bail terminé ? Rien ne s’improvise. Trois conditions doivent être réunies : la date de fin de préavis atteinte, l’état des lieux de sortie réalisé, et la remise officielle des clés au bailleur ou à son mandataire. Impossible d’en ignorer une seule.
La restitution des clés, à elle seule, n’efface pas tout. Si le locataire n’a pas respecté le délai de préavis ou négligé l’état des lieux, le bail continue. C’est la date de remise des clés qui stoppe le paiement du loyer et des charges locatives, à condition que le locataire ait bien quitté l’appartement et restitué absolument toutes les clés, y compris les doubles, badges, ou accès annexes.
Voici les trois étapes à ne jamais bâcler :
- Date de remise des clés : il s’agit d’un acte juridique, souvent matérialisé par un reçu signé lors de l’état des lieux de sortie
- État des lieux de sortie : il permet de comparer avec l’état initial et sert de référence pour la restitution du dépôt de garantie
- Préavis : il doit être respecté jusqu’à son terme, sous peine de contestation
Ce détail n’en est pas un : le dépôt de garantie ne pourra être restitué au locataire que si cette chronologie est respectée. Le bailleur dispose alors d’un ou deux mois, selon l’état des lieux, pour rendre la somme. Un flou sur la date de remise des clés, un document manquant, et la situation se complique. Attention, donc, à ne rien laisser dans l’ombre lors de ce dernier acte.
Les risques d’une remise des clés sans état des lieux : ce qu’il faut savoir
Restituer les clés sans état des lieux de sortie expose chaque partie à de sérieux désagréments. Selon la loi, l’absence de ce document fait présumer que le logement est rendu en bon état, sauf preuve contraire. Pourtant, cette règle n’a rien d’une garantie absolue, et les contentieux sont monnaie courante.
Sans état des lieux, la gestion d’un litige devient vite un casse-tête. Si le propriétaire découvre des dommages après avoir récupéré les clés, il peut retenir une partie du dépôt de garantie. Pour le locataire, la charge de la preuve devient lourde : il faudra rassembler photos datées, échanges écrits, témoignages pour faire valoir sa bonne foi face à une retenue qu’il juge injustifiée.
Les principaux risques sont clairs :
- Le locataire peut être tenu responsable de dégâts qui, en réalité, existaient déjà
- Le propriétaire doit prouver l’existence et l’origine du préjudice sans support descriptif signé
- L’absence d’état des lieux de sortie complique et retarde la restitution du dépôt de garantie, tout en augmentant le risque de procédures
La jurisprudence est sans appel : la rigueur s’impose. Un rendez-vous commun, un document signé, quelques photos précises, et la situation devient limpide. Ce formalisme, perçu parfois comme une corvée, se révèle bien souvent la meilleure protection contre la mauvaise foi comme contre l’oubli.
Propriétaires et locataires : obligations et conseils pratiques autour des clés
La remise des clés n’est pas un geste anodin. Elle intervient aussi bien lors de l’entrée dans les lieux que lors du départ, et à chaque fois, des obligations précises s’imposent.
Au moment de la signature du contrat de location, le locataire doit recevoir l’ensemble des clés permettant d’accéder à toutes les parties du logement : porte principale, boîte aux lettres, garage, cave, espaces communs. Le propriétaire doit remettre tous les exemplaires disponibles, y compris les doubles. S’il en manque, le locataire peut demander réparation : il doit pouvoir profiter entièrement du bien loué.
Au départ, le locataire doit rendre toutes les clés, à la date convenue. Un retard prolonge le paiement du loyer et des charges locatives. La jurisprudence rappelle régulièrement : déposer les clés dans la boîte aux lettres ne suffit pas toujours. Un échange en main propre, avec reçu signé, reste la solution la plus sûre.
Voici quelques points concrets à surveiller pour éviter les conflits :
- Chaque clé correspondant à une pièce ou à un accès du logement doit être restituée par le locataire
- Le propriétaire vérifie la totalité des jeux de clés et l’état du logement avant la signature de l’état des lieux de sortie
- En colocation, chaque colocataire qui quitte le logement doit restituer ses propres clés individuellement
Le respect de ces étapes protège les intérêts de chacun. Un double oublié, une boîte aux lettres inaccessible, un garage non restitué… et les délais s’allongent, les tensions montent. Pour prévenir tout désaccord, il vaut mieux documenter chaque remise : faire la liste, vérifier, mentionner le tout dans l’état des lieux. Cette rigueur, loin d’être superflue, transforme la fin du bail en simple formalité, même en cas de désaccord de fond.
Quand la porte se referme et que le trousseau change de mains, le bail n’est pas seulement une affaire de règlements, mais de confiance et de preuves bien gardées. La clé de la sérénité, c’est souvent celle qu’on rend en dernier, main contre main.


